La maladie du court-noué de la vigne est d’origine virale et figure au palmarès des maladies les plus dommageables de la vigne. Dans le cadre d’un consortium franco-hispano-belge mené par le CNRS et l’INRA, Christophe Ritzenthaler et ses collaborateurs sont parvenus à produire des plantes totalement immunes au virus du court-noué de la vigne. Pour cela, ils ont fait appel à de très petits anticorps encore appelés Nanobodies isolés à partir de chameaux. Que ce soit sur des plantes de laboratoire ou sur des porte-greffes de vignes cultivés in vitro, ces très petits anticorps ont démontré leur capacité unique à neutraliser totalement et très précocement le virus suite à son inoculation. Ces travaux sont publiés dans la revue Plant Biotechnology Journal.
En savoir plus : Les nanobodies sont de petits peptides dérivés d’anticorps à simple chaîne trouvés chez les camélidés (chameau, lama, alpaca etc). Découverts dans les années 90, les nanobodies sont les plus petites molécules de type anticorps connues et suscitent un vif intérêt en biotechnologie biomédicale, mais leur potentiel en agrobiotechnologie est encore largement sous estimé. Les scientifiques ont isolé des Nanobody dirigés contre le Grapevine fanleaf virus (GFLV), l’agent principal de la maladie du court-noué. De manière remarquable ces anticorps possèdent une activité antivirale contre le GFLV lorsqu’ils sont produits directement par des plantes. Cette activité antivirale est à large spectre puisqu’elle est efficace contre de nombreuses souches de GFLV. Elle est également fonctionnelle lors de la transmission du virus par son nématode vecteur. Bien que le(s) mécanisme(s) de neutralisation du virus dans la plante reste(nt) encore inconnu(s) et que son acceptabilité sociale reste à démontrer, cette preuve de concept révèle qu’il est possible de lutter efficacement contre le court-noué de la vigne. À quand les Nanobodies dans nos vignobles ?
Parcelle de vigne infectée par le court-noué à Cramant au cœur de la côte des Blancs en Champagne. © Christophe Ritzenthaler
La prévalence et la sévérité de la maladie du court-noué représentent une grave menace pour la viabilité des vignobles de par le monde et particulièrement ceux à haute valeur ajoutée dont la culture remonte pour certains à des siècles. Rien qu’en France, on estime que 60 % des surfaces cultivées sont atteintes par cette maladie à l’origine de pertes économiques considérables.