Le traitement des eaux usées produit des boues, qui sont ensuite traitées (mécaniquement, thermiquement, chimiquement) pour être transformées en biosolides, utilisables pour diverses applications. Historiquement, ces biosolides ont d’abord été épandus dans les champs comme amendement. Depuis quelques années, un intérêt croissant existe pour l’utilisation de ces biosolides dans des applications d’ingénierie (fabrication de briques et ciments) ou en agro-foresterie par exemple. La réutilisation de ces biosolides nécessite leur analyse préalable pour vérifier l’absence de composés nocifs pour l’environnement ou la santé humaine. Parmi ces composés, les métaux lourds et les polluants organiques persistants sont les plus surveillés, la présence et l’abondance de certains d’entre eux étant limitées par des réglementations nationales ou internationales.
Cependant, l’analyse de ces métaux lourds et polluants organiques persistants demande (i) de grandes quantités de biosolides, (ii) une diversité d’instruments analytiques, (iii) des temps de préparation d’échantillon relativement longs et (iv) l’utilisation de produits dangereux (acides forts) ou de hautes températures. Tous ces éléments limitent les possibilités d’analyse routinière des biosolides avant leur utilisation.
Dans une nouvelle étude publiée dans le journal Nature Communication, les membres de la plateforme PIMS dirigée par Dimitri Heintz ont développé une nouvelle méthode d’analyse de ces biosolides basée sur la technique de l’imagerie par spectrométrie de masse. Cette technique ne nécessite que très peu de matériel de départ (1g suffit), la préparation des échantillons prend moins de 2h, ne nécessite pas de chauffage important ou l’utilisation d’acides dangereux. Un seul instrument analytique est nécessaire pour obtenir les résultats. Ainsi, la méthode proposée permet d’envisager des criblages rapides et réguliers des métaux lourds et des polluants organiques persistants dans les biosolides, mais aussi dans tout autre échantillon de type sol ou compost.