SolariX voit l’invisible dans les feuilles de peuplier noir

En étudiant la qualité de l’eau à la sortie d’une station de traitement des eaux usées, les chercheurs de la plateforme Plant Imaging & Mass Spectrometry de l’IBMP ont constaté la diffusion de certains micropolluants dans l’eau, le sol mais aussi dans les feuilles d’un peuplier noir (Populus nigra). L’imagerie par spectrométrie de masse a permis de visualiser les micropolluants accumulés dans les tissus des feuilles et la réponse de la plante à cette accumulation. Cette étude a été publiée dans la revue Environment International en Mars 2019.

La plateforme Plant Imaging & Mass Spectrometry (PIMS) à Strasbourg a été dotée récemment d’un instrument permettant l’analyse de molécules directement dans des tissus biologiques : le SolariX. Cet instrument a été utilisé dans le cadre d’une étude environnementale pour explorer le métabolisme d’une plante, le peuplier noir (Populus nigra), implanté à la sortie d’une station de traitement des eaux. Ce peuplier pousse dans une « zone tampon » appelée zone de rejet végétalisée, dans laquelle l’eau circule avant de retourner à l’environnement en rejoignant un ruisseau.

 

Légende : L’eau usée urbaine, même après traitement, est un vecteur de polluants (points rouges), qui se diffusent dans l’environnement (sol, êtres vivants). Ces polluants, ainsi que les marqueurs de stress associés à leur accumulation (étoiles orange) ont pu être identifiés et localisés spatialement dans les tissus des feuilles grâce à la spectrométrie de masse.

L’étude révèle que des micropolluants sont encore présents dans l’eau de sortie de la station de traitement, et diffusent dans le sol et le peuplier. L’analyse plus fine des feuilles a permis, grâce au SolariX, d’identifier et de localiser spatialement les micropolluants dans les tissus, mais aussi les métabolites de la plante. Ainsi, cette étude a montré que les micropolluants apportés par l’eau sont spécifiquement accumulés dans les tissus foliaires du peuplier noir. Cette accumulation provoque un stress auquel la plante répond en modifiant son métabolisme.