La bactérie Agrobacterium est couramment utilisée comme vecteur de gènes pour obtenir des plantes génétiquement modifiées (OGM). Une recherche récente dans des bases de données a révélée un nombre étonnant d’espèces végétales transformées par Agrobacterium au cours de l’évolution. Parmi ces plantes on trouve plusieurs espèces utilisées pour l’alimentation. Ceci remet en cause l’idée que la transformation génétique serait un processus non-naturel. Ces travaux effectués par Léon Otten en collaboration avec Tatiana Matveeva (Université de St Petersbourg), ont été publiés dans la revue Plant Molecular Biology en Septembre 2019 et relayé par le magazine Savoir(s) de l’Université de Strasbourg.
La bactérie Agrobacterium est bien connue comme vecteur pour l’introduction de gènes chez les plantes. Dans la nature, elle induit des tumeurs et des racines génétiquement modifiées, grâce au transfert d’une série de gènes bactériens (les transgènes). Parfois, de manière spontanée, ces racines peuvent produire de nouvelles plantes, qui seront alors génétiquement modifiées et pourront être considérées comme des OGM naturels. Ce sont des cas intéressants de transfert horizontal de gènes, c’est-à-dire de transfert de gènes entre espèces différentes. On sait que certaines de ces plantes continuent à exprimer les gènes bactériens et produisent des substances nouvelles, grâce à l’expression de transgènes. Jusqu’à récemment, on ne connaissait que trois plantes de ce type (le tabac, la Linaire commune et la patate douce) et on pensait que ces espèces devaient être rarissimes. Le développement des techniques de séquençage d’ADN à haut débit a permis d’accumuler les séquences dans les banques de données. Leur analyse détaillée a révélé 39 espèces végétales naturellement transgéniques. Parmi ces espèces figurent le thé (Camillia sinensis), le houblon (Humulus lupulus), la cacahuète (Arachis hypogaea), la canneberge à gros fruits (Vaccinium macrocarpon), la goyave (Psidium guajava), la banane (Musa acuminata) et d’autres plantes comestibles. Plusieurs transgènes apparaissent intacts, leurs fonctions sont encore inconnues et restent à étudier. Par extrapolation on estime qu’au moins 10.000 Angiospermes pourraient être des OGM naturels.